lundi 16 mars 2015

La vie devant soi, Romain Gary



"Signé Ajar, ce roman reçut le prix Goncourt en 1975.
Histoire d'amour d'un petit garçon arabe pour une très vieille femme juive: Momo se débat contre les six étages que Madame Rosa ne veut plus monter et contre la vie parce que "ça ne pardonne pas" et parce qu'il n'est "pas nécessaire d'avoir des raisons pour avoir peur". Le petit garçon l'aidera à se cacher dans son "trou juif", elle n'ira pas mourir à l'hôpital et pourra ainsi bénéficier du droit sacré "des peuples à disposer d'eux-mêmes" qui n'est pas respecté par l'Ordre des médecins. Il lui tiendra compagnie jusqu'à ce qu'elle meure et même au-delà de la mort."


Je vous retrouve pour une nouvelle chronique (décidément ça y est elle revient petit à petit en vrai ! : et oui je reviens petit en petit !)

Une chronique sur "La vie devant soi" de Romain Gary que j'ai lu (encore) dans le cadre du challenge "Le Coup de Cœur Littéraire" (tuveuxsavoirdequoijeparle?cliqueici!). Et si tu as envie de voir mes autres chroniques sur les autres livres que j'ai lu dans ce cadre  : rendez-vous sur la page d'accueil du blog, tu regardes à gauche de ton écran et tu verras (sous tes yeux ébaillis) la rubrique "Quesktu cherche là dis?" puis tu clique sur la rubrique "Coup de Cœur Littéraire" !

Passons au livre s'vous plait marci !

Oui on passe au livre. Tout au long du livre on suit "Momo" ou "Mohammed" mais il préfère "Momo" alors on va dire "Momo" qui nous conte, avec ses mots, sa vie d'enfant.
Momo est accueilli chez Madame Rosa, une ancienne prostituée juive, qui accueille chez elle des enfants de femmes prostituées ne pouvant pas s'en occuper. En échange de quoi les parents, famille ou proches parents envoient à Madame Rosa dans la plupart des cas de l'argent pour subvenir aux besoins des enfants. 

Au début j'ai eu du mal à accrocher au roman.

En effet la façon de parler de Momo (qui est en fait le narrateur tout du long du livre) à la fois enfantine et "adulescante". On sens qu'il cherche à comprendre la vie, le monde, à travers les adultes qu'il rencontre. On le sens car il reprend des termes que les adultes autour de lui disent. Tel que "les femmes qui se défendent" ou encore "Michel qui avait eu des parents vietnamiens et que Madame Rosa n'allait pas garder un jour de plus depuis un an qu'on ne l'avait pas payé.".
On le voit aussi dans le sens inverse qu'il s'approprie des termes dans l'oralité et se les approprie sous une forme qu'il pense juste au début du livre puis qu'il corrige plus tard dans le livre (puisque qu'il grandit tout au long du livre) tel que "proxynète" plutôt que "proxénète" ou encore "inadopté" au lieu d'"inadapté". On sens qu'il prend pour "argent comptant" ce qu'on lui dit, ce qu'il entend pour ensuite se forger son avis mais sans regard critique. En tout cas au début du livre.
Ce qui, bien évidemment fait le lien avec le fait qu'il est enfant, et qu'un enfant justement prend pour argent comptant ce qu'on lui dit et qu'il se forge à travers la parole de l'adulte !
Mais un enfant qui ne l'a pas été totalement et à du grandir très vite ("Je n'ai jamais été un bébé, j'avais toujours d'autres soucis en tête." (p 209) ).

Sincèrement j'ai vraiment accroché à ma lecture qu'a partir de la page 150 environ ce qui équivaut au milieu du livre.
Je l'ai continué car je participe à ce challenge "Coup de Cœur Littéraire" et que dans ce cadre nous sommes et serons amené à donner notre avis sur ce livre et à en ressortir des questionnements et qu'il est donc important pour moi de poursuivre mes lectures même si elles ne me plaisent pas forcement ! CEPENDANT j'ai aimé la deuxième partie du livre. La réflexion que je me suis faite c'est : enfin il se passe des choses, enfin j'ai envie de tourner les pages. (Sans spoiler) et à m'attacher à Momo, tout simplement et à tout les personnages qui gravitent autour de lui.

Ce livre c'est avant tout l'histoire d'une recherche identitaire (et d'amour et de relations humaines)
Celle de Momo. Musulman, pas musulman ? Madame Rosa une sorte de mère adoptive ? Et ma vraie mère c'est qui, elle est où ? Et mon père ?
Ce qui se traduit par sa volonté de connaitre ses origines. Il se pose également des questions sur son âge car comme il le dit il n'est pas "daté" car il ne dispose pas au début du livre de sa date de naissance et madame Rosa lui a elle même donné un âge.  il dit d'ailleurs "Il y avait une date mais c'était seulement le jour où elle m'avait pris en dépôt et ça ne disait pas quand j'étais né." (p 73)

Ce qui m'a intrigué également c'est le fait qu'il semble s'adresser directement au lecteur en disant par exemple "je crois que vous savez" etc .. MAIS à la fin du livre insidieusement on se rend compte qu'il ne s'adresse peut-être pas au lecteur ;) .. Oui je suis le suspense incarné.

Autre chose : J'ai beaucoup aimé la note d'humour que nous communique Momo concernant la différence de religions, d'origines etc .. et des représentations qui gravitent autour de tout cela dans nos sociétés. Deux exemple pour illustrer mon propos : "Merde, merde et merde, les juifs pleurent toujours entre eux, Madame Rosa, vous devriez le savoir. On leur a même fait un mur pour ça. Merde." (p 168) ou encore "[...] devant la porte de Monsieur Charmette qui était français garanti d'origine et qui pouvait se le permettre." ( p 201) ou encore : "Pendant longtemps, je n'ai pas su que j'étais arabe parce que personne ne m'insultait. On me l'a seulement appris à l'école." (p 12)


Comme d'habitude je clôture mon article avec deux de mes citations préférées :

"Je crois que c'est les injustes qui dorment le mieux, parce qu'ils s'en foutent, alors que les justes ne peuvent pas fermer l’œil et se font du mauvais sang pour tout." p 39

"Je tiens pas tellement à être heureux, je préfère encore la vie." p 90

Note Babelio : 3/5

lundi 2 mars 2015

Rien ne s'oppose à la nuit, Delphine de Vigan

"Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l'écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre.

Aujourd'hui je sais aussi qu'elle illustre, comme tant d'autres familles, le pouvoir de destruction du verbe, et celui du silence."

Un livre qui a beaucoup fait parler de lui, ce genre de livre qu'il "faut avoir lu".

En effet c'est ce genre de livre, du moins c'est ce que moi j'ai pu entendre dans mon entourage ! Ce qui met la barre haute en débutant ma lecture.

Un livre que j'ai mis du temps à lire car j'ai été assez prise moralement par mon stage et plus amplement ma formation depuis Janvier et ça a quelques peu mis à mal mon envie de lire, et ma joie de vivre ! mais PAS-SONS ! maintenant je suis là et on parle de "Rien ne s'oppose à la nuit" de Delphine de Vigan.

Pourquoi qu'tu l'as lu c'livre ?

Et bien je ne l'ai pas lu par hasard pour être totalement honnête. En effet ce livre fait parti de la sélection de romans proposés dans le cadre du "challenge" , le "coup de cœur littéraire" (clique si tu veux lire l'articleoùj'expliquetoutsurtoutsurcechallenge !)

Et y t'as plu ou pas dis ?

Tantôt oui, tantôt non, mais au bout du livre, une fois la dernière ligne lu, je peut dire que "Tantôt oui" !

En effet j'ai aimé l'approche de l'auteur de narrer l'histoire de sa mère, son histoire, avec chronologie tout en rythmant le tout avec des chapitres nous parlant de l'exercice même d’écriture, sa pratique ! 

En effet elle nous dépeint sans détours ses difficultés, ses doutes, ses renoncements .. Et j'ai trouvé ça très chouette de parler de tout ça sans tabous et de ne pas juste publier un bouquin "parfait", sans indices nous montrant la dureté du travail d'écrivain !

Je me suis sentie proche de l'auteur, pour moi elle nous dit: "je ne suis pas parfaite, je n'ai pas confiance en moi à 100%, j'écris pas sans douter, moi aussi je rature, moi aussi j'ai peur de l'échec." Rien que pour ça bravo, et merci du partage. Le partage de tout ça, ce qui est très personnel d'après moi, si ce n'est plus que l'histoire elle même.

Et l'histoire, qu'est c'que ça raconte hein ?

Delphine nous livre le fruit d'un travail titanesque, un travail de recherches, d'entretiens, d'interviews avec tout les membres de sa famille, pour recueillir des souvenirs, des informations sur sa mère. Afin de retracer son histoire et surtout répondre aux "pourquoi".

Sur l'histoire en elle même je n'ai pas vraiment envie de m'y appesantir car d'autres le feront mieux que moi et je n'ai pas envie de spoiler qui qu'ce soit.

Une chose : si je n'avais pas du le lire dans le cadre d'un "challenge" je ne l'aurais sans nul doute jamais lu de moi même.
Suis-je contente d'avoir pu le lire ? Oui rien que pour la prouesse du travail de l'auteur et du partage de sa vie, sa vie de famille et les "couilles" qu'elle a eu d'écrire sur les siens.
Et les autres "couilles" (si déjà) d'avoir témoigné sans détours et tabous des difficultés du travail d'écriture.


"Ecrire sur sa famille est sans aucun doute le moyen le plus sûr de se fâcher avec elle." p 220


Note Babelio : 3/5